lundi

Etre Arabe Aujourd'hui, obtient le PRIX LYCÉEN DU LIVRE D’ÉCONOMIE ET DE SCIENCES SOCIALES

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Le prix lycéen 2012 du livre de Sciences Economiques et Sociales a été attribué à Akram Belkaïd pour "Etre Arabe Aujourd'hui" (éditions carnetsnord, sept 2011)

16 livres parus dans l’année en cours sont proposés par Liens Socio et Alternatives Economiques, 10 sont retenus et constituent la sélection officielle. Les 10 livres de la sélection sont disponibles à la mi septembre et la désignation du lauréat par les lycées participants s'effectue à la mi- mai. Chaque établissement doit organiser la circulation pour lecture, l'échange de points de vue, les discussions, les critiques.

Pour en savoir plus :

- Prix lycéen du livre d'économie et de sciences sociales


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Quelques avis

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Quelques commentaires et avis de lycées à propos du livre :

http://www.blogger.com/comment.g?blogID=9042064664033251023&postID=1603430693453601590



"Être arabe aujourd’hui"

18 commentaires - Afficher le message d'origine

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1 – 18 sur 18
Blogger asma a dit...
Être arabe aujourd'hui est mon premier livre dans le cadre du prix du livre d'économie et de sciences sociales.
J'ai trouvé ce livre très intéressant. Il apporte de nombreuses réponses sur les révolutions arabes et sur leurs histoires. Akram Belkaïd réalise un véritable travail d’investigation dans le monde arabe en posant des questions et en y répondant toute en nous laissant le choix d'être d'accord ou pas avec les théories qu'il avance.je recommande donc ce livre à toutes les personnes qui s'intéressent aux printemps arabes.
Heddadi Hela
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12 décembre 2011 13:36
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12 décembre 2011 13:37
Blogger Lycée de la Cotière a dit...
Akram Belkaïd journaliste au monde spécialisé dans le monde arabe, nous écrit ici un ouvrage sur les révolutions arabes (ou « La révolution du jasmin ».) Cet ouvrage donne un point de vue nouveau sur ces révolutions extrêmement médiatisées mais qui sont pourtant méconnues par le grand public. En effet nous connaissons en réalité ce que les journalistes et les médias nous disent mais nous ne connaissons pas les réalités humaines derrière les chiffres! Akram Belkaïd veut rompre avec cela, il va nous expliquer essentiellement les raisons de ces révolutions, raisons souvent méconnues voire inconnues, mais également le possible futur de ces révolutions : Quelles places auront les femmes dans ces futurs pays arabes ? Doit-on craindre la montée de l’islamisme dans ces pays? Quel peut être le futur économique de ces pays? Quels bouleversements géopolitiques ces révolutions vont-elles créer ? Akram Belkaïd s’appuie à la fois sur des exemples précis mais également sur des théories plus générales faites pas les élites arabes. 
« Etre arabe aujourd’hui » est un livre facile à lire, même pour les personnes n’ayant pas ou peu de culture sociologique et économique, mais qui finalement nous enseigne de nombreux éléments sur les pays et la culture arabe et peut faire changer notre point de vue sur un monde arabe à la fois inconnu et surmédiatisé. 

T.L
6 janvier 2012 12:51
Blogger Lycée de la Cotière a dit...
Tout d’abord ce livre a été pour moi un livre d’information , en effet il m’a permis de mieux comprendre ce qu’étaient le printemps arabe autrement dit les révolutions arabes qui ont eu lieu durant l’année 2011. C’est une réflexion de l’auteur analysant les causes, les conséquences ainsi qu’une ouverture sur l’après révolution lorsque les arabes devront passer aux urnes afin de mettre en application leur volonté de démocratie. Ce futur, d’après lui, comporte certains risques. Ce livre relate et dénonce vraiment les insultes à la démocratie dont les dictateurs se proclamaient dirigeants. Le point négatif de ce livre serait que d’après moi, l’auteur s’est trop positionné et a appuyé son argumentation sur les dires d’intellectuels arabes or il n’a pas assez mis en avant le fait que cette révolution a été déclenché aussi par des populations arabes, A mon sens elles devraient être plus mises au centre de ce livre. Toutefois il a un réel recul sur sa culture et il essaye d’émettre et de proposer des solutions pour l’après révolution en parlant aussi des dangers de l’islamisme. Il parle aussi très justement des femmes dans le monde arabe, l’un des passages, d’après moi, le plus intéressant du livre. Un livre pour mieux comprendre une culture différente de la notre. Ce est captivant et très instructif à lire d’urgence pour mieux comprendre le monde qui nous entoure. Toutefois ce livre arrive peut être trop tôt dans un monde arabe en perpétuel changement.
H.M
6 janvier 2012 12:52
Blogger Lycée Van Gogh a dit...
L'auteur de ce livre est Akram Belkaïd. Il traite du portrait du monde arabe d'aujourd'hui et des relations avec les autres pays vis à vis de l'économie. Il raconte les révolutions arabes à travers de nombreuses anecdotes grâce à ses voyages qu'il a pu réaliser au cours de sa carrière de journaliste.
Cela ne nous a pas marqué vraiment car c'est encore un énième livre parlant des révolutions arabes, et que la seule chose qui change,c'est que c'est l'avis d'une seule personne ( l'auteur ), contrairement aux journaux qui prennent souvent en compte des avis de toutes catégories de personnes.
Nous trouvons plutôt que ce livre pourrait être comparé à un journal à rallonge comme on a pu le voir du 17 décembre jusqu'à aujourd'hui encore, car ces révolutions ne sont pas terminées. Il est trop descriptif à notre goût, l'auteur utilise trop la première personne du singulier et il s'évade du sujet avec ses anecdotes.
Cependant, nous trouvons le sujet intéressant, source de richesse pour notre culture!
1 février 2012 21:49
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1 février 2012 21:50
Blogger Lycée de la Cotière a dit...
J'ai trouvé ce livre, "Etre Arabe aujourd'hui", très intéressant, notamment puisqu'il propose un point de vue et une analyse différente de tout ce que l'on peut ou avons pu voir dans les médias. 
L'auteur permet une vision d'ensemble de ces évenements, donne de nombreuses explications sans pour autant affirmer détenir des vérités absolues.
Un livre facile à lire et qui permet de mieux comprendre les révolutions.

Vincent.
2 mars 2012 12:23
Blogger Lycée Théodore Aubanel a dit...
"Etre Arabe aujourd'hui" est un livre que j'ai trouvé très intéressant. La réflexion menée tout au long de cet ouvrage m'a beaucoup plue ainsi que le fait qu'un auteur arabe traite du sujet. En effet, nous avons souvent le point de vue occidental sur le sujet à travers les médias.
Le chapitre traitant de la place des femmes dans le monde arabe et leur oppression m'a le plus interpellée. Je recommande donc ce livre très bien construit et accessible à des lycéens.
18 mars 2012 18:37
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18 mars 2012 18:38
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18 mars 2012 18:38
Blogger kira a dit...
"Etre arabe aujourd'hui" est un livre très intéressant et plutôt bien écrit, cependant le titre, être arabe aujourd'hui, est, pour moi, mal choisi. Je trouve qu'il ne correspond pas avec le contenu du livre. En effet ,de mon point de vue il fait d'avantage référence aux personnes d'origine arabe présentes en France, plutôt qu'aux révolutions qui se sont déroulées dans le monde arabe de 2011. Le titre le plus approprié aurait été tout simplement Les révolutions arabes de 2011 ou Le printemps arabe. Ce livre pose également problème car après plusieurs discutions sur le livre, plusieurs personnes ont trouvé qu'il ne rentrait pas dans le cadre du prix du livre d'économie et de sociologie. Le sujet n'est pas traité de façon sociologique ni économique (sauf les 50-60 dernières pages qui sont consacrées aux problèmes économiques de ses pays) mais plus comme un fait d'actualité. Peut-être aurait-il fallu attendre de voir comment vont évoluer ces révolutions.
Comme certains l'ont déjà dit le bouquin donne une vue d'ensemble sur les révolutions arabes. Malgré ces points un peu négatif, ce livre est vraiment intéressant et surtout complet. Le fait que l'auteur est choisi d'écrire à la première personne permet aux lecteurs d'être plus impliqués. Il a réussi à donner son point de vue personnel, tout en respectant les opinions des autres. La construction du livre est aussi bien faite et le livre se lit facilement. Les passages sur les femmes et l'islamisme sont complets et permettent de voir ces révolutions d'une façon un peu différente que celle vue dans les médias français. L'auteur essaie d'expliquer les éléments déclencheurs qui sont parfois peu connu voire inconnu, et explique le rôle important de facebook, de la chaine Al-jazeera, des blogs...ect. La dernière partie, qui est plus économique est très intéressante et montre bien dans quelle situation se trouvent ces pays. Les questions qui se posent maintenant sont encore nombreuses: comment la situation de ces pays va telle évoluer? Ces pays sont-ils vraiment sorti des régimes dictatoriaux? Ces révolutions vont-elles vraiment permettre l'amélioration des conditions des femmes?
30 mars 2012 18:39
Blogger Al a dit...
Le journaliste Akram Belkaïd a su tout au long de son magnifique ouvrage tenir une intrigue. Il a parfaitement expliqué les révolutions arabes en 2011. Mieux que les médias, il nous donne le point de vue d'un homme. Chacun de ses chapitres est intéressant et nous apprend de plus en plus sur ce pays si mystérieux qui nous interpelle sur plusieurs questions, comme quelles sont les relations entre les pays du Maghreb et l'Occident aujourd'hui. De plus la place des femmes est très importante pour moi car elles ont aussi joué un rôle. Enfin " Être arabe aujourd'hui" est facile à lire et très instructif.
17 avril 2012 18:19
Blogger sirine.g a dit...
'' Être arabe aujourd'hui '' est un ouvrage ou l'auteur retrace et explique sont point de vue sur les différents évènements importants dans les pays arabes. Akram Belkaïd expose des arguments qu'il sait défendre même si parfois je ne partage pas son opinion. De plus malgré que cet auteur soit concerné par le sujet notamment dus à ses origines il n'en reste pas moin objectif et traite se sujet avec lucidité il ne prend pas de partis mais il explique la condition et la conscience des arabes.
1 mai 2012 22:33
Blogger lyceeidf a dit...
Etre arabe aujourd'hui est pour moi le meilleur livre de ce prix concours. Il traite un sujet d'actualité qui est selon moi un grand bond vers la démocratie pour les peuples arabes. Le Maghreb étant souvent jugé comme un grand désert de la démocratie, le fait de retranscrire le réveil des peuples arabes à travers un livre nous permet de disposer d'un autre éclairage sur ces événements. Le monde change et nous aussi.
11 mai 2012 13:33
Blogger fred.tamic a dit...
Ce livre nous a beaucoup plu. Grâce aux témoignages rapportés par l'auteur, nous avons pu mieux comprendre les événements survenus lors du printemps arabe. Nous avons appris beaucoup de choses concernant ces pays notamment sur les conditions de vie des femmes arabes. C'est un vrai plaisir culturel et intellectuel.
Amélia et Malika
21 mai 2012 15:45
Blogger Anne-Charlotte. Lycée Th. Aubanel a dit...
"Être arabe aujourd'hui" est un livre très intéressant pour comprendre les mécanisme et les acteurs du printemps arabe. Il est très complet car il traite à peu près tous les aspects du printemps arabe ce qui nous permet d'avoir une vision différente de cet événement que celle donnée par les médias. Je recommande ce livre à tous. 

Baudino Anne-Charlotte
24 mai 2012 08:19
Blogger Anne-Charlotte. Lycée Th. Aubanel a dit...
"Etre arabe aujourd'hui" est un livre très complet et très intéressant qui permet de comprendre les mécanisme et de connaitre les vrais acteurs du printemps arabe. Ce livre permet d'avoir une autre vision de cette événement majeur que celle donnée par les médias. C'est un livre un peu long mais très facile à lire que je recommande à tous.

Baudino Anne-Charlotte
24 mai 2012 08:22
Blogger Laure et Manon a dit...
"Etre Arabe aujourd'hui" est un livre d'Akram Belkaïd.Il a déjà écrit plusieurs ouvrages sur le Maghreb, celui-ci est son livre le plus récent.Il retrace dans ce livre les origines des révolutions qui ont eu lieu dans les différents pays arabes comme l’Égypte, le Maroc , l’Algérie et la Tunisie. L'auteur nous donne aussi son ressenti et son point de vue vis à vis de ces révolutions.

Ce livre nous a permis de comprendre pourquoi les peuples arabes ce sont révoltés et comment tout cela s'est organisé. Cet ouvrage est intéressant mais il est parfois difficile a comprendre. L'auteur fait souvent des allusions à la politique afin de mieux nous expliquer la situation. Pour des élèves de première cet aspect-là est parfois difficile à comprendre.Cependant, nous pensons que ce livre a tout à fait sa place dans le prix lycéen du livre d'économie et de sciences sociales.

 

mercredi

Entretien Sud-Ouest Dimanche : Au chevet du monde arabe

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Dimanche 15 janvier 2012 
 Propos recueillis par Bruno Béziat
  

Au chevet du monde arabe

AKRAM BELKAÏD, JOURNALISTE ET ESSAYISTE, SE MONTRE OPTIMISTE À LONG TERME APRÈS LES RÉVOLUTIONS ARABES, MALGRÉ UNE PÉRIODE D'INCERTITUDE QUI PEUT DURER

Akram Belkaïd : « Ces peuples ont dit que c'en était fini de leur humiliation ».

Akram Belkaïd : « Ces peuples ont dit que c'en était fini de leur humiliation ». (photo dr)

Le journaliste Akram Belkaïd n'est pas du genre à faire des concessions. Dans son dernier livre, paru en septembre, il dresse un portrait très éloigné des idées reçues d'un monde qu'il connaît bien pour en être originaire, un monde en plein bouleversement.
« Sud Ouest Dimanche ». Avez-vous été surpris par la rapidité de la diffusion de ces révolutions dans le monde arabe ?
Akram Belkaïd. J'ai été surpris et pris de court. D'abord de la façon dont tout a démarré en Tunisie, et ce qui s'est passé ensuite avec la chute assez rapide de Ben Ali, puis de la manière dont les événements se sont propagés dans le monde arabe - cette explosion de revendications, l'irruption des peuples dans l'arène. Elle devait certainement avoir lieu un jour ou l'autre. Mais je n'avais pas imaginé pouvoir vivre une année aussi intense, avec autant d'événements qui se sont enchaînés.
Le Printemps arabe est une succession de révolutions, de la Tunisie à la Libye en passant par l'Égypte et d'autres… Mais ont-elles un lien ?
J'y vois un lien : le fait que les régimes arabes n'étaient en rien démocratiques. Aucun n'a pris en compte l'attente des peuples pour avoir davantage de droits et de libertés. Ces peuples ont dit à leur manière, avec leurs arguments, que c'en était fini de leur humiliation.
Vous parlez de l'humiliation des peuples. Ce n'est pas le seul moteur de ces révolutions…
La révolte contre l'humiliation subie par les peuples n'en est effectivement pas l'unique cause. La faillite socio-économique de ces régimes l'explique également. Lorsque les Tunisiens se soulèvent, c'est aussi parce qu'ils ont du mal à faire face à l'augmentation du coût de la vie. Rappelez-vous le jeune marchand tunisien qui s'est immolé par le feu.
Pourtant, certains pays comme la Libye, le Bahrein ou l'Algérie disposent de la richesse des ressources pétrolières et donc subissent moins de pauvreté que la Tunisie ou l'Égypte…
Lorsque l'on regarde la situation de plus près, y compris en Libye ou dans les monarchies pétrolières, on voit qu'une partie de la jeunesse est hors circuit, ne profite pas de ces richesses. Certains ont ouvert les vannes financières et acheté la tranquillité sociale, mais une forme de précarité et de mécontentement perdure. On peut s'attendre à des surprises, y compris en Arabie saoudite, où une grande partie de la jeunesse est éduquée mais au chômage, où la pauvreté existe, où vous pouvez voir des bidonvilles à la lisière des grandes villes.
L'Algérie est également un cas particulier, la guerre civile y a laissé des traces…
Effectivement. Il y a vingt ans, les islamistes remportaient l'élection. Et tout cela s'est terminé par une guerre civile sanglante qui a duré des années. Les Algériens savent bien ce qu'est une transition politique ratée, dont les conséquences peuvent être terribles, des milliards de dollars de destructions, des dizaines de milliers de morts… Ils y regarderont à deux fois avant de s'aventurer dans une nouvelle transition. En augmentant les salaires, le régime a désamorcé le début de la contestation. Beaucoup d'Algériens ont dû se dire qu'ils avaient tout à perdre, mais les problèmes fondamentaux et structuraux de l'Algérie sont loin d'être réglés.
En revanche, le Maroc a donné un exemple de transition politique réussie après quelques manifestations…
Il existe là aussi une spécificité marocaine, puisque le roi bénéficie d'une légitimité, ce qui n'était pas le cas de Ben Ali en Tunisie. Mohammed VI a incontestablement désamorcé ce qui pouvait être une lame de fond contre le pouvoir et la monarchie, en modifiant la Constitution, en acceptant de gouverner avec les islamistes. Cette monarchie a une grande capacité à neutraliser ses opposants, à les coopter. La situation reste tout de même difficile, avec de fortes disparités et d'importants écarts de revenus. Le pays n'est pas à l'abri de nouvelles révoltes populaires.
Vous évoquez l'islam avec le Maroc. Ces victoires des islamistes après les révolutions arabes vous ont-elles surpris ?
Autant j'ai été surpris par la soudaineté du Printemps arabe, autant ces résultats électoraux m'ont semblé logiques. Les islamistes ont récupéré la mise parce que la nature a horreur du vide. Les partis en place n'étaient plus crédibles. Les islamistes étaient les seuls opposants à disposer d'une logistique, d'une assise politique, de lieux pour s'exprimer (les mosquées) avec un discours simple, d'un réseau d'aide sociale. On confond souvent démocratie et organisation des élections. Les autres partis d'opposition n'ont pas eu le temps de s'organiser, alors les peuples sont allés vers les islamistes.
Ce vote islamiste n'est-il pas aussi lié, selon vous, à une volonté des peuples arabes de retrouver une identité fondée sur la religion ?
Oui, cela a certainement compté, dans le sens où ils ont profité du grand désarroi identitaire du monde arabe, où les peuples ne savent plus qui ils sont. Le retard par rapport à l'Occident dans beaucoup de domaines est mal vécu. La question est de savoir comment faire pour œuvrer à un renouveau fondé sur quelque chose, c'est tout l'enjeu des mois et des années à venir.
Vous pensez que l'on doit différencier les islamistes ?
Certainement. Si vous regardez l'exemple de la Turquie, avec un courant de démocrates musulmans qui s'apparente finalement à la démocratie chrétienne - dont je rappelle que les discours prononcés à l'origine du mouvement, en Europe, heurteraient certainement aujourd'hui. On ne sera véritablement certain qu'il peut y avoir une cohabitation entre islam et démocratie que s'il émerge un élan théologique moderniste, une relecture du Coran. L'islam attend encore sa réforme, son Vatican II, en quelque sorte. La véritable bataille se situe là, sur cette émergence d'une nouvelle manière de pratiquer et de lire les textes.
Vous êtes plutôt pessimiste ?
Je ne suis pas pessimiste sur le long terme. Je pense que nous allons avoir une période d'incertitude qui risque de durer, des turbulences importantes, éventuellement des régressions démocratiques. Mais les intelligences et les richesses existent dans ces 20 pays. Le monde arabe attend un second déclic. Le principal écueil au développement de ces pays est la nature de ces régimes. Les phénomènes de corruption, de clientélisme, de régionalisme freinent les initiatives individuelles. Le levier démocratique doit permettre le développement.
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lundi

Etudes - numéro de Janvier 2012

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Cet ouvrage est écrit à la première personne car les événements qu'il relate concernent l'auteur. Il revendique son caractère arabe et berbère et se déclare euro-arabe. Il a éprouvé l'humiliation: par réaction, les révoltes
populaires ont été menées au nom de la dignité. La religion, la situation des femmes, le défi économique, les rapports entre le monde arabe et l'Occident, tout cela est également à prendre en compte. L'auteur retient quatre dates : le déclenchement, le 17 décembre 2010, quand Mohammed Bouazizi s'immole par le feu ; le départ de Tunisie de Ben Ali, le 14 janvier 2011 ; l'appel du 25 janvier 2011, contre le régime de Moubarak ; et enfin sa démission le ll février 2011. Il s'attarde sur le sentiment d'humiliation qu'éprouvent les Arabes. Il faut aussi noter le rôle des activistes, d'Internet, et de la chaîne satellitaire Al-Jazeera.
Pour les Arabes, il est important de renoncer à attendre la venue d'un homme providentiel s'ils veulent éviter
de se retrouver avec de nouveaux tyrans et dictateurs. « Le monde arabe était politiquement mort depuis quarante ans, incapable de faire entendre sa voix ou de peser sur son destin. Mais aujourd'hui une nouvelle ère commence [...] la liberté n'est plus une chimère. Même si elle est lointaine [...] elle n'est plus recouverte par [...] cette haine de soi que fait naître la dictature chez tout être humain. Le printemps arabe ne fait
que commencer et son champ des possibles est immense. » Un ouvrage intéressant et enrichissant, qui redonne confiance dans l'avenir du monde arabe.

Jacques Langhade

jeudi

Cessons de parler de "Révolution du Jasmin !"

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Extrait du Premier Chapitre (p37-p40), quelques réflexions à propos de l'indécence de la formule "Révolution de Jasmin"

Y'en a marre de la «Révolution du Jasmin»!

Le journaliste et essayiste Akram Belkaïd s'élève contre l'association indécente de la révolte du peuple tunisien contre la dictature à une expression léguée par le régime Ben Ali.

Fleur de jasmin by akk_rus via Flickr
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TAILLE DU TEXTE
 
La commémoration du premier anniversaire de l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, point de départ de la chute du régime de Ben Ali, a fait refleurir l’expression «Révolution du jasmin», notamment dans les médias français. Au grand dam du journaliste et essayiste Akram Belkaïd qui, dans son ouvrage Être Arabe Aujourd’hui, s’était élevé contre l’emploi de cette formule qu’il juge «indécente». Extraits:
Cessons de parler de «Révolution du Jasmin»! Ce qui s’est passé en Tunisie entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011 n’a certainement pas été une promenade de santé ni une ballade au doux parfum hivernal. Ce fut une vraie révolution sanglante qui, contrairement à une idée reçue, ne s’est pas simplement déroulée sur Internet et ses réseaux sociaux. À Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa, Metlaoui, Jendouba, Souk Jedid, Kef et même à Sousse, Sfax et Tunis, les forces de police et les snipers du régime n’ont eu aucun scrupule à ouvrir le feu, tuant par balles près de 300 personnes en moins d’un mois. Mais la détermination des manifestants était sans faille. Ils voulaient en finir. «El-Chaâb yourid isqat el-nidham» —le peuple exige la chute du régime— a été l’un des slogans emblématiques du Printemps arabe scandé à pleins poumons sur l’avenue Bourguiba de Tunis avant d’être repris sur la place al-Tahrir au Caire, mais aussi sur la place de la Perle à Manama, dans les rues de Benghazi puis dans celles de Damas.

Les Tunisiens méritent mieux

C’est en pensant aux morts, à la violence de la répression et au courage des manifestants, que je m’élève contre l’utilisation indécente de l’expression «Révolution du Jasmin» pour désigner la révolte du peuple tunisien. Entendue dès les premières heures qui ont suivi la fuite de Ben Ali, elle est devenue le raccourci obligé des journalistes et des commentateurs, qui trouvent que cela donne un charmant zeste d’exotisme et y voient une analogie bienvenue avec la révolution des œillets, au Portugal, en 1975. Je reconnais l’avoir moi-même utilisée, mais nombre d’amis tunisiens m’ont depuis convaincu de son caractère détestable, à plus d’un titre. D’abord, il faut se souvenir que cette formule de carte postale a servi à désigner la prise de pouvoir de Ben Ali en novembre 1987.

Ensuite, n’oublions pas que le yasmine (le jasmin en arabe) renvoie à l’image pacifique et docile de la Tunisie. Dans le monde arabe, et plus encore au Maghreb, on a souvent moqué les Tunisiens pour leur soi disant manque de courage et de virilité. Dans un ouvrage précédent, j’ai rappelé cette anecdote où, en pleine guerre d’Algérie, un écrivain algérien rendait hommage «au peuple frère du Maroc et au peuple soeur de Tunisie»…

Au-delà du caractère misogyne du propos, c’était oublier que, bien avant que naisse le FLN algérien, les premiers fellaghas étaient des nationalistes tunisiens et que leur pays avait connu, lui aussi, son lot de révoltes et de soulèvements contre l’ordre colonial français. Au final, et malgré tous les clichés et les quolibets, c’est bel et bien ce peuple qui s’est révolté le premier et a chassé son tyran. C’est ce peuple qui a permis aux Arabes d’ouvrir une nouvelle page dans leur Histoire.
Une autre raison qui disqualifie cette formule du jasmin est qu’elle renvoie à la propagande du régime déchu. En Tunisie, le nom de cette fleur a été mis à toutes les sauces durant deux décennies. Il a été usé à la corde par l’insupportable logorrhée officielle, cette «novlangue inédite, hybridation monstrueuse de verbiage technocratique, de lexique pompeux et d’usage délirant de la majuscule», comme l’a décrit Myriam Marzouki, metteur en scène et fille du désormais président Moncef Marzouki 

Une expression liée au régime Ben Ali

Un «gloubi-boulga» absurde chantant la gloire du parrain et décrivant une terre paradisiaque qui n’existait que dans les catalogues touristiques ou les brochures de l’Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE). «Le pays du jasmin et du partage», «le tourisme au pays du jasmin et de la tolérance», «l’esprit du jasmin», «l’insouciance au pays du jasmin», voilà autant de slogans marketing imaginés par les communicants de l’ancien pouvoir dictatorial pour vendre l’image d’un pays idéal et apaisé. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que nombre de ceux qui revendiquent la paternité de cette expression de «Révolution du Jasmin» soient des journalistes longtemps obligés d’user et d’abuser de cette sordide novlangue. Trouver les termes grandiloquents susceptibles de plaire, du moins le croient-ils, aux Occidentaux est devenu chez eux un réflexe pavlovien, une forme de sujétion à un orientalisme bas-de-gamme dont il faudra absolument qu’ils se débarrassent.

J’ai bien conscience que cette formule est plaisante et qu’il est difficile de résister à une telle facilité d’emploi. C’est d’autant plus vrai que cela permet de faire le lien entre les révolutions arabes et la Chine, cette autre dictature où les autorités craignent tellement la contagion qu’elles ont très vite censuré le mot «jasmin» des moteurs de recherche d’Internet. Il n’empêche. Cette expression n’est pas neutre car, en un certain sens, elle perpétue l’esprit de la dictature de Ben Ali. A ce sujet, il faut d’ailleurs rappeler que la presse tunisienne a parlé il y a longtemps de «Révolution du jasmin». C’était en novembre 1987 et durant les semaines et mois qui ont suivi. Ben Ali venait de prendre le pouvoir dans son pays grâce à un «coup d’Etat médical» contreBourguiba. Il est inutile de rappeler ce qui s’est passé ensuite et comment le parfum du jasmin s’est transformé en fumet écœurant…

Akram Belkaïd

mardi

Respect Magazine : Akram Belkaïd: «Être arabe aujourd’hui, c’est s’impliquer»

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Akram Belkaïd: «Être arabe aujourd’hui, c’est s’impliquer»

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20 DÉCEMBRE, 2011
Par: Hassina Mechaï
Akram Belkaïd, journaliste algérien, spécialiste du monde arabe, est l'auteur d' «Être Arabe Aujourd’hui» paru aux éditions Carnetsnord. Dans cet ouvrage, il revient notamment sur les causes du printemps arabe et la place de l'Islam dans ces sociétés. Interview.
Les révolutions arabes ont semblé être pour vous une heureuse surprise ? Vous dites ne pas les avoir vues venir ?
Il s’agit là d’un sentiment humain de déception répétées, on finit par ne plus y croire. Au début des années 2000, je m’étais déjà enthousiasmé pour le mouvement Kifaya en Égypte* ; j’ai cru que ça serait le début du réveil arabe. Mais ces pouvoirs avaient des capacités importantes de résilience... J’ai continué à observer ces sociétés. Rétrospectivement parlant, ce qui s’est passé en décembre a été préparé par une série d’événements : grèves, émeutes locales, immolations. Je pensais que tout bougerait plus tard.
Des livres comme celui d’Emmanuel Todd et Youssef Courbage, Le rendez-vous des civilisations, en s’appuyant sur des données démographiques objectives, ont pu annoncer l’évolution de ce monde arabe ?
Oui ces deux auteurs ont vu que la transition démographique, la baisse de la fécondité chez les femmes et la hausse du niveau d'alphabétisation créaient les conditions objectives du Printemps arabe. Cependant je reste plus prudent qu’eux, notamment sur leurs prévisions sur l’évolution post islamiste. Je ne suis pas certain qu’on soit définitivement sorti de la tentation islamiste, y compris dans la société tunisienne.
Car le vrai enjeu est l’émergence d’un mouvement de fond, à fois philosophique et politique, de relecture de l’Islam : il nous faut une relecture des textes sacrés à l’aune de la modernité. Historiquement, l’Islam des Lumières a déjà eu lieu dans l’histoire de la pensée musulmane, entre le 9eme et le 12eme siècle : toute une réflexion de savants musulmans décrétant le libre arbitre, la séparation du religieux et du politique. Le monde arabe a donc déjà là un formidable matériau philosophique.
Vous montrez que l’Islam devra être intégré dans cette dynamique nouvelle...
Parce qu’on ne peut nier la réalité sociologique et politique des peuples arabes. L’exemple algérien a montré que la violence éradicatrice n’est pas la solution. Les islamistes ont le soutien d’une partie de la population, on ne peut les écarter du jeu politique. Mais il ne faut pas être naïf. Le mouvement islamiste, même s’il dit s’être amendé, doit être surveillé de près. Je suis dialoguiste, incorporons les dans le jeu politique, même si la tentation radicale existera toujours.
Et puis il y a des éléments qui poussent à l’optimisme, notamment avec l'exemple turc . Ce pays a démontré que des islamistes peuvent gagner des élections sans que rien de grave ne se passe. La Turquie essaye de faire revivre l’influence de l’Empire ottoman. Ce pays a une croissance de 8%, un dynamisme incroyable, il réforme ses institutions et frappe à la porte de l’Europe.
Vous utilisez beaucoup de mots comme hogra (mépris), humiliation, comme si ce printemps arabe était d’abord un formidable appel à la dignité.
Jusque là, la chose la mieux partagée par les peuples arabes était le sentiment d’humiliation ; ce sentiment a fait tomber le mur de la peur et a poussé les gens à réclamer leur droit à la dignité. Désormais les peuples ne vont plus accepter qu’on leur impose la figure du maître absolu et sa famille au pouvoir. C’est d’abord un appel à la Karama, la dignité. D’ailleurs ce sentiment a été longtemps et habilement exploité par les dictateurs arabes, et canalisé contre Israël. Pourtant, ceux qui sont humiliés par Israël sont les Palestiniens, pas le chômeur algérien ou tunisien. Lorsque ces derniers revendiquaient une meilleure vie, on leur disait d’attendre la libération de la Palestine.
Une véritable martyrologie de Bouazizi a été construite après sa mort ? Y a-t-il une mythologie, un story-telling de ce Printemps Arabe ?
Complétement. Une mythologie qui participe de l’histoire de ce mouvement de fond. Il n’en demeure pas moins que le supplice de cet homme par le feu a déclenché un mouvement de protestation nationale, en Tunisie d’abord, et puis dans d’autres pays. C’est un storytelling utile. Et puis, il faut garder à l’esprit l’individu lui-même : quel désespoir fallait-il pour s’immoler par le feu… Certes, il y a eu construction médiatique de ce printemps arabe, des choses demeurent inconnues comme le rôle de l’armée tunisienne ou des think tanks américains. Mais des gens sont bien morts sous les balles, un homme est mort brulé vif. 

Qu’est-ce que ce Printemps arabe dit de l’Occident ?
Il a été saisissant de voir que les gouvernements européens ont présenté ces bouleversements comme des équations liées à l’immigration. Cela a révélé une absence totale de solidarité et une collusion avec des régimes dictatoriaux soutenus à bout de bras au nom de la lutte contre l’islamisme et l’immigration clandestine.
Mais il a été également fascinant de constater qu’un pays aussi influent que la France a été, incapable de voir venir tout cela. La position très pragmatique des États unis tranche nettement ; ainsi le discours d’Obama après le départ de Moubarak restera un grand discours, avec intonations à la Lincoln.
Pourquoi l’Algérie semble-t-elle être un trou noir dans ce printemps arabe ?
Ce n’est pas surprenant. De 1988 à 1990, on a parlé du printemps algérien, lequel a débouché sur une guerre civile de 10 ans qui a fait 200 000 morts. L’Algérie est un pays en confrontation permanente ; mais le système sait gérer cela en maniant la carotte financière. Le débat en Algérie se résume ainsi : soit le régime comprend qu’on est en train vivre une période vitale et accepte une remise en cause ; soit on se prépare à des années plus terribles encore que la décennie noire. Une partie de la jeunesse, née avec les émeutes de 88, n’a rien à perdre. L’étincelle peut venir d’elle.
Pour parler comme Montesquieu, comment peut-on être arabe aujourd’hui ?
En investissant le destin de son pays, en refusant de se complaire dans une posture de victimisation, et en s’impliquant dans une démarche de modernisation religieuse et de remise en cause de tabous, notamment dans la séparation du religieux et du politique. Et surtout, on ne peut être arabe sans s’investir dans la question de la place de femme dans société. N’oublions pas, des femmes voilées ou pas, ont manifesté et ont fait aussi ce printemps arabe.
* De l’arabe « ça suffit ! », ce mouvement d’opposition au gouvernement de Moubarak appelait à une démocratisation du système politique.

AKRAM BELKAÏD EN 5 DATES 1987 : Diplomé de l'Ecole nationale d'Ingénieurs et de Techniciens d'Algérie.
1991 : Opte pour le journalisme
1995 : Quitte l'Algérie pour la France.
2005 : Publie Un regard calme sur l'Algérie (Seuil).
2011 : Publie Être arabe aujourd’hui (Carnets Nord)